La Semiotique Discursive

 

SOMMAIRE

 

 

1/ Quelques repres historiques

 

Brve histoire de la sŽmiotique greimassienne

Saussure : le signe, la sŽmiologie

Hjelmslev : forme, substance, plan de lĠexpression et du contenu

Greimas : la sŽmantique structurale

                  

Autres sŽmiotiques et sŽmiologies : repres historiques et bibliographiques

La sŽmiotique percienne

La thŽorie sŽmantique dĠUmberto Eco

La sŽmiologie

 

Evolution des applications, la sŽmiotique greimassienne

Annexe 1 une prŽsentation historique et conceptuelle de la sŽmiotique

 

2/ Les principaux concepts de la thŽorie greimassienne

 

Parcours gŽnŽratif de la signification

Une carte pour le territoire sŽmiotique

Pourquoi gŽnŽratif ?

 

La dimension narrative : petite histoire et principaux concepts

La morphologie du conte de Propp comme origine de la sŽmiotique narrative

Greimas lecteur de Propp : vers une plus grande abstraction

DiffŽrence entre actant et acteur, transformations transitives et rŽflexives

Le programme narratif (PN)

Composante narrative : schŽma dĠensemble

Les modalitŽs de faire

 

Une application de la mŽthodologie narrative au Ç Petit Poucet È

                      

3/ Introduction ˆ la sŽmiotique discursive : lĠŽnonciation

 

lĠŽnonciation en sŽmiotique

LĠopŽration Žnonciative fondamentale : le dŽbrayage

Enonciation ŽnoncŽe et ŽnoncŽ ŽnoncŽ : le simulacre Žnonciatif

Typologie Žnonciative

Le pragmatique et le cognitif

LĠaspectualisation et lĠinstance Žnonciative

Premire typologie des observateurs

 

4/ Analyse sŽmiotique appliquŽe au texte littŽraire

 

PrŽsentation des textes soumis ˆ lĠanalyse

Exemples dĠanalyses

La discursivisation appliquŽe ˆ Cap Caubert

 

5/ Analyse sŽmiotique appliquŽe au texte publicitaire

 

 

La SŽmiotique Discursive                                         

___________________________________________________________________________

 

 

 

1/ Quelques repres historiques

 

 

1.1     Brve histoire de la sŽmiotique greimassienne

 

1.1.1      Saussure : le signe, la sŽmiologie

 

En 1916 Saussure (Cours LG) souhaite une science qui Žtudierait Ç la vie des signes au sein de la vie sociale È : la sŽmiologie qui engloberait la linguistique. Ç Elle nous apprendrait en quoi consiste les signes, quelles lois les rŽgissent.(É)Les lois que dŽcouvrira la sŽmiologie seront applicables ˆ la linguistique. È Ç  Le signe unit non une chose et un nom mais un concept –signifiŽ- et une image acoustique –signifiant-. È Ç Le signe est une entitŽ psychique ˆ 2 faces. È Ç Le lien unissant le signifiŽ et le signifiant est arbitraire, immotivŽ. È Lorsque les sons et les idŽes sont articulŽs ensemble par la langue, ils constituent des formes amorphes. Les 2 plans inarticulŽs de la pensŽe et des sons sont appelŽs substances par Saussure.

 

1.1.2      Hjelmslev : forme, substance, plan de lĠexpression et du contenu

 

En 1943 le linguiste danois dŽveloppe la glossŽmatique qui reprend le dŽveloppement du concept de signe chez Saussure pour lĠintŽgrer ˆ une reprŽsentation plus large du fonctionnement de la langue. Il voit la langue comme une mise en forme conjointe dĠunitŽs sur le plan conceptuel (la pensŽe, les idŽes) et sur le plan phonique (les sons). Il reprend les concepts de forme et de substance mais nie le c™tŽ amorphe. Pour lui la substance nĠest pas dissociable de la forme, elle est ce qui reste de la mise en forme mais ne lui prŽexiste pas.

Le signifiant et le signifiŽ saussurien correspondent ˆ peu prs chez Hjelmslev ˆ la forme de lĠexpression et ˆ la forme du contenu. LĠinnovation consiste ˆ prendre en considŽration la relation de solidaritŽ qui existe entre ces 2 formes : il lĠappelle fonction sŽmiotique.

Dans la perspective hjelmslevienne, la phonologie devient lĠŽtude des formes de lĠexpression et la phonŽtique celle de la substance de lĠexpression. La fonction sŽmiotique est celle qui unit les 2 formes de lĠexpression lĠune ˆ lĠautre.

Le postulat dĠisomorphisme : pour Hjelmslev la structuration du plan de lĠexpression revt la mme forme que celle du plan du contenu, ce qui ouvre alors la voie ˆ une sŽmantique (appelŽe structurale) par le simple transfert des distinctions constatŽes au plan de lĠexpresion et ˆ des distinctions au plan du contenu. cˆd que les 2 plans peuvent tre structurŽs par des relations identiques.

 

1.1.3      Greimas : la sŽmantique structurale

 

En 1966 il publie SŽmantique structurale, considŽrŽ comme lĠouvrage fondateur de la thŽorie sŽmiotique (dans lequel il reprend ˆ son compte le postulat dĠHjelmslev sur lequel il sĠappuie pour construire les fondements dĠune sŽmiotique structurale). Il sĠagit dĠune thŽorie de la signification, qui a pour but de dŽcrire la structure du plan de lĠexpression (du signifiant).

                  

 

1.2     Autres sŽmiotiques et sŽmiologies : repres historiques et bibliographiques

 

La sŽmiotique greimassienne est lĠun des 2 grands courants sŽmiotiques modernes. DŽveloppŽe en franais, ˆ partir du groupe de recherches en sŽmio-linguistique, constituŽ autour du sŽminaire de Greimas qui se tenait ˆ Paris, elle sĠest tout naturellement appelŽe Ç Ecole de Paris È.

 

1.2.1      La sŽmiotique peircienne

 

Le 2nd grand courant sŽmiotique est anglo-saxon, il sĠagit de la sŽmiotique peircienne[1]. Elle revendique lĠidŽe dĠune ŽgalitŽ des signes, linguistiques ou non ; les signes dont elle parle sont les signes du monde. Elle se prŽsente comme une philosophie du signe et au-delˆ, de la sŽmiose, cˆd de lĠopŽration dĠattribution de sens ˆ lĠobjet dĠune perception. CĠest une sŽmiotique gŽnŽrale qui peut sĠappliquer au cas particulier de la linguistique.

 

1.2.2      La thŽorie sŽmantique dĠUmberto Eco[2]

 

Il se dit redevable aux propositions de Peirce mais prŽsente une thŽorie plus ÏcumŽnique o il tente dĠinscrire les propositions de Peirce sur le signe dans un dialogue avec la rŽflexion philosophique.

 

1.2.3      La sŽmiologie

 

SŽmiologie de la signification

Principalement reprŽsentŽe par les travaux de Roland Barthes (1915/1980), qui, hŽritier de Saussure et Hjelmslev, se dŽtache des prŽtentions de Greimas pour constituer ce qui sĠapparente plus ˆ une esthŽtique principalement littŽraire mais Žgalement socio-discursive.

 

SŽmiologie de la communication

ReprŽsentŽe essentiellement par Georges Mounin et Luis Prieto elle nĠa produit que des analyses de systmes sŽmiologiques fermŽs (ex. : code de la route, systme hŽraldique[3]) du fait de ses postulats[4]. Elle ne conoit que les codes au sens strict du terme, ˆd un systme de signaux o ˆ un ŽlŽment correspond une signification. Elle gage sa mŽthodologie sur le concept dĠintentionnalitŽ, adaptant par exemple la conception du signe peircien en se donnant comme dŽfinition de lĠindice, du signal, du symbole et du signe le degrŽ dĠintentionnalitŽ croissante dans leur production.

Trop limitŽe dans ses objets, elle est tombŽe en dŽsuŽtude.

 

SŽmiologie du cinŽma

Son fondateur, Christian Metz, Žtait proche de Greimas. Il a construit sa thŽorie, entre autre en transposant certains des  concepts narratifs ŽlaborŽs ˆ ces c™tŽs. Il a ensuite produit des dŽveloppement propres aux besoins de lĠanalyse des films, tout en gardant un certain temps des liens avec la linguistique.

 

 

 

1.3     Evolution des applications, la sŽmiotique greimassienne

 

Outre le dŽveloppement thŽorique, la sŽmiotique greimassienne sĠest dĠabord appliquŽe au rŽcit, ˆd ˆ la dimension narrative des textes[5]. Ensuite la sŽmiotique sĠattaque aux discours et commence sa 1re diversification. A c™tŽ de travaux sur le discours littŽraire, dĠautres travaux Žmergent notamment sur le discours religieux, le discours politique, lĠanalyse picturale, la communication et le marketing.

 

 

1.4     Annexe 1 une prŽsentation historique et conceptuelle de la sŽmiotique

 

Article de Franois Rastier pour le Dictionnaire des Notions Philosophiques.

 

SŽmiotique vient du grec smeion, signe. DĠabord terme de mŽdecine dŽsignant lĠŽtude des sympt™mes. Locke Žtend semiotics ˆ lĠensemble des signes. Cet emploi est repris par Peirce. Saussure utilise sŽmiologie dans un sens analogue, suivi par Hjelmslev qui emploie sŽmiotique pour dŽsigner tout systme de signes. Le 1er congrs de lĠAssociation Internationale de SŽmiotique a tranchŽ pour sŽmiotique mais lĠusage de sŽmiologie subsiste . On convient aujourdĠhui quĠil revient ˆ Peirce (1839-1914) et ˆ Saussure (1847-1913) dĠavoir fondŽ la sŽmiotique moderne.LĠoriginalitŽ de Saussure est quĠil a pensŽ la sŽmiotique ˆ partir de la linguistique et non au sein dĠune philosophie. En revanche la sŽmiotique de Peirce est insŽparable de lĠensemble de sa philosophie. Charles Morris dŽveloppe le projet Saussurien et va plus loin en divisant la sŽmiotique en syntaxe, sŽmantique et pragmatique[6].

Son processus de constitution nĠŽtant pas achevŽ, la sŽmiotique ne dispose pas dĠune problŽmatique unifiŽe et ne repose pas sur une vŽritable communautŽ scientifique.

Quatre conceptions rivalisent :

-       objet = syst. de signes intentionnels humains non linguistiques (Mounin)

-       objet = le langage ; science qui Žtudie la vie des signes au sein de la vie sociale et dont la ling. nĠest quĠune partie. ThŽorie scientifique qui doit pouvoir servir de norme ˆ toutes les sciences humaines. (Saussure puis Hjelmlev et  Greimas)

-       Žtude de la signification : le monde signifie dans la mesure o nous opŽrons des infŽrences[7] ˆ son propos. Philosophie de la signification traitant non seulement des langues et des signes, mais de la rŽfŽrence, de la vŽritŽ, de lĠinfŽrence. (Peirce, Eco)

-       thŽorie sŽmiotique de la biogŽnse et de la coŽvolution ; philosophie de la nature

 

 

 

 

2/ Les principaux concepts de la thŽorie greimassienne

 

 

2.1   Parcours gŽnŽratif de la signification

 

2.1.1      Une carte pour le territoire sŽmiotique

 

Le parcours gŽnŽratif est une concentration des diverses rŽflexions mŽthodologiques et thŽoriques de la sŽmiotique greimassienne. Il permet de se reprŽsenter schŽmatiquement la thŽorie dĠensemble. C Ôest une sorte de carte permettant de sĠy retrouver lors du cheminement ˆ travers les divers aspects de la thŽorie.

 

Le parcours gŽnŽratif de la signification appara”t dans sa frome achevŽe et aujourdĠhui canonique dans le 1er tome du dictionnaire o Greimas essaye de rassembler, sous une forme schŽmatique, lĠensemble des idŽes quĠil a dŽveloppŽes jusquĠalors. Les diffŽrents Žtages du PG correspondent ˆ des Žtats diffŽrents de la thŽorie, et aussi ˆ diffŽrents niveaux dĠabstraction.. Dans lĠidŽal ce parcours se suit du haut vers le bas cˆd du plus abstrait au plus concret, des valeurs les plus simples et les plus profondes[8] vers leurs manifestations les plus complexes[9].

 

 

 

 

 

                                     PARCOURS GENERATIF

 


                                         Composante                                         Composante

                                          Syntaxique                                           SŽmantique

 


                        Niveau                  SYNTAXE                          SEMANTIQUE

                   Sructures           profond          FONDAMENTALE              FONDAMENTALE

SŽmio-

                  Narratives         niveau de     SYNTAXE NARRATIVE             SEMANTIQUE

                        surface               DE SURFACE                         NARRATIVE

 


                                          SYNTAXE                                     SEMANTIQUE

                                        DISCURSIVE                                   DISCURSIVE

 

                   Structures                                   Discursivisation                          ThŽmatisation

                  Discursives

                          Actorialisation

                                    

                                        Temporalisation                                  Figurativisation

 

                                                            Spatialisation

                                    

                                                                                 CourtŽs, Greimas, 1979

 

 

2.1.2      Pourquoi gŽnŽratif ?

 

Le parcours est dit gŽnŽratif en vertu dĠun postulat :

Ç Tout objet sŽmiotique (peut) tre dŽfini selon le mode de sa production, les composantes qui interviennent dans ce processus sĠarticulent les unes avec les autres selon un Ç parcours È qui va du plus simple au plus complex, du plus abstrait au plus concret È (Couts, Greimas, 1979)

Le parcours sert tout autant, voire plus, ˆ dŽcrire la rŽception de la signification plut™t que la production. Il nĠest gŽnŽratif quĠen tant que reconstitution de la production de la signification. Lors du processus dĠanalyse on remonte en quelque sorte le parcours pour reconstruire le niveau discursif, puis le niveau narratif, puis enfin les valeurs profondes qui Žmergent progressivement de lĠanalyse. (ex. avec ÔCendrillonĠ, cf cours pg 21/22)

 

 

2.2   La dimension narrative : petite histoire et principaux concepts

 

2.2.1     La morphologie du conte de Propp comme origine de la sŽmiotique narrative

 

Le folkloriste russe Propp (1895-1970) inaugure lĠanalyse structurale du conte. Il fonde sa morphologie[10] du conte sur un corpus de contes traditionnels russes. Il sĠattache ˆ repŽrer le jeu des ÔvariablesĠ (noms et attributs des personnages) et des ÔconstantesĠ (les fonctions[11] quĠils accomplissent). Au terme de son analyse il conclut que le conte merveilleux obŽit ˆ une structure unique : il Žtablit une liste de 31 fonctions qui sĠenchainent dans un ordre identiques mme si elles ne pas toutes toujours prŽsentes. Il dit que ce qui change ce sont les noms, pas les actions et les fonctions.  Propp considre que ce sont les fonctions des personnages qui remplissent le r™le de constantes dans une morphologie du conte. Pour dŽfinir les fonctions il ne faut pas tenir compte du personnage exŽcutant mais uniquement du substantif exprimant lĠaction (interdiction, interrogation, ..). Des actes identiques peuvent avoir des significations diffŽrentes !

 

2.2.2     Greimas lecteur de Propp : vers une plus grande abstraction

 

La principale objection de grimas vis ˆ vis du modle morphologique de Propp est liŽe ˆ la dŽnomination des fonctions. Pour Greimas elle reste trop figurative et ne correspond pas au langage scientifique rigoureux. Le travail de reformulation de grimas commence par la description de ce quĠil considre tre la structure minimale pour quĠon puisse parler de rŽcit (rŽcit minimal).

DĠaprs Hjelmslev il faut identifier des ŽlŽments et la relation quĠils contractent ; cĠest cette relation entre au moins 2 ŽlŽments qui sera considŽrŽe comme constitutive du rŽcit minimal.

Greimas propose dĠutiliser la notion dĠactant, qui permet dĠindiquer la simple valeur syntaxique des ŽlŽments. Il distingue lĠactant sujet et lĠactant objet.

La relation quĠentretiennent 2 actants sera dite de jonction. Si elle est positive elle sera dite conjonction, si elle est nŽgative elle sera dite disjonction.

 

LĠŽtape suivante consiste ˆ considŽrer comme un ŽnoncŽ dĠŽtat la formule : Sujet jonction Objet.

 

Dans le cas dĠune jonction positive on aura :          Dans le cas dĠune jonction nŽgative on aura :

Sujet conjonction Objet          S       O                                Sujet disjonction Objet           S   U  O

 

¤       Exemples simples dĠillustration (exemple plus complexe dans le cours pg 25) :

- je suis fatiguŽ, jĠai soif, je mange une pomme, sont considŽrŽs comme des Žtats conjonctifs et dŽcrits narrativement par la formule suivante :    S       O

- elle nĠa pas peur, il nĠa pas de voiture, ils ne partent pas, sont considŽrŽs comme des Žtats disjonctifs et dŽcrits narrativement par la formule suivante :   S   U  O

Il est important de noter que le niveau narratif est indŽpendant de la structure grammaticale ainsi que de la dimension figurative.

 

¤       Autre cas :

LĠŽnoncŽ Ç il nĠa plus de voiture È prŽsuppose quĠil avait une voiture mais quĠune action a ŽtŽ entreprise et qui lĠen a privŽ. Ce nĠest plus un Žtat mais 2 : lĠŽtat 1, initial, de conjonction avec la voiture et lĠŽtat 2, final, de disjonction avec la voiture. En sŽmiotique greimassienne on dira quĠentre ces 2 Žtats il y a transformation ; pour en rendre compte Greimas parle dĠŽnoncŽ de faire.

Dans Ç il est mort È, lĠŽtat 1 nĠest pas manifeste dans lĠŽnoncŽ (il Žtait vivant) mais il doit avoir existŽ pour que lĠŽnoncŽ soit possible. On dira que lĠŽtat 1 est prŽsupposŽ par lĠŽtat 2 et quĠinversement lĠŽtat 2 prŽsuppose lĠŽtat 1. On dira que lĠŽtat 1 est logiquement antŽrieur ˆ lĠŽtat 2.

 

¤       Autre cas : Ç il a ŽtŽ emportŽ par une longue maladieÈ

Narrativement on a toujours le mme schŽma : Žtat 1 S (il) est conjoint ˆ O (la vie), Žtat 2 S est disjoint de O. Mais on peut considŽrer que la maladie est la cause de la mort cˆd que lĠaction de la maladie ˆ causŽ la mort. Narrativement on pourra reprŽsenter a ˆ lĠaide dĠune nouvelle formule qui fait intervenir une nouvelle fonction la relation factitive, le faire, et un nouvel actant, le sujet de faire. On reprŽsentera donc la formule suivante :         F [S1        (S2 U O)]    o :

S1 = maladie

S2 = il et O = mort

          ReprŽsente lĠaction de S1 (sur S2)

 

La transformation conjonctive sĠŽcrira :        F [S1        (S2    O)]  (ex. : lĠenfant est guŽri)

 

La transformation est considŽrŽe comme la fonction narrative de base[12].

Par convention on notera S1 le sujet de faire et S2 le sujet dĠŽtat. On dit en sŽmiotique quĠun ŽnoncŽ de faire rŽgit un ŽnoncŽ dĠŽtat. Pour quĠil y ait une progression narrative il faut quĠil y ait des transformations successives. LĠanalyse narrative va consister, pour une part, ˆ repŽrer dans le texte les ŽnoncŽs de faire qui rŽgissent les ŽnoncŽs dĠŽtat.

 

2.2.3     DiffŽrence entre actant et acteur, transformations transitives et rŽflexives

 

On distingue 2 types de sujets :

Celui qui rŽalise lĠaction est un sujet de faire, appelŽ sujet opŽrateur (qui opre la transformation),

Celui qui bŽnŽficie de lĠaction ou qui la subit est un sujet dĠŽtat, parfois appelŽ bŽnŽfacteur (au sens o il est le bŽnŽficiaire)

 

Les questions relatives ˆ la dimension narrative (dont relvent les notions dĠactants sujet et objets) se traitent au niveau de surface des structures sŽmio-narratives. Les questions concernant lĠacteur (= une entitŽ figurativisŽe) se traitent au niveau des structures discursives.

 

Transformation rŽflexive : le sujet de faire et le sujet dĠŽtat correspondent au mme acteur. Ex. : Julie sĠest offert une montre   F [S1        (S2    O)]  (o S1 et S2 = Julie et O = la montre). Lorsque les rpoles de sujet dĠŽtat et de sujet de faire sont assumŽs par un mme acteur on parlera de syncrŽtisme actanciel.

 

Transformation transitive : le sujet de faire et le sujet dĠŽtat correspondent ˆ des acteurs diffŽrents. Ex. : Gilbert a offert une montre ˆ Julie  F [S1        (S2    O)] (o S1 = Gilbert, et S2 = Julie et O = la montre).

 

2.2.4     Le programme narratif (PN)

 

Le PN Ç est un syntagme ŽlŽmentaire de la syntaxe narrative de surface, constituŽ dĠun ŽnoncŽ de faire et dĠun ŽnoncŽ dĠŽtat È (CourtŽs, Greimas, 1979). On le reprŽsente ainsi :

 

PN =  F [S1        (S2    O)]  ou ainsi   PN = F [S1        (S2 U O)]

       Le 1er PN sera dit dĠacquisition, le 2nd de privation.

 

Acquisition transitive = attribution : il sĠagit dĠacquŽrir un objet pour quelquĠun qui nĠest pas soi.

 

Acquisition rŽflŽchie = appropriation : lĠopŽrateur (le sujet de faire) est en syncrŽtisme avec le bŽnŽfacteur (le sujet dĠŽtat)

 

Privation transitive = dŽpossession : le sujet opŽrateur fait en sorte que le sujet dĠŽtat, qui est diffŽrent de lui, soit privŽ de lĠobjet)

 

Privation rŽflŽchie = renonciation : le sujet de faire se prive lui mme – sujet dĠŽtat- de lĠobjet

 

La trouvaille est une attribution dont on ne peut pas dŽterminer, au niveau discursif, lĠacteur qui prend en charge le sujet de faire.   Sa formule sera :  F [ ?        (S2     O)]

 

La perte est une privation dont on ne peut pas dŽterminer, au niveau discursif, lĠacteur qui prend en charge lĠactant sujet de faire.  Sa formule sera :  F [ ?        (S2 U O)]

 

 

 

SchŽma dĠensemble permettant de comprendre comment les diffŽrentes formules narratives se distribuent hiŽrarchiquement :

 

 

(jonction)

 

 

(conjonction)                                               (disjonction)

acquisition                                                   privation

 

 

(transitive)                (rŽflŽchie)                  (transitive)                (rŽflŽchie)

  attribution           appropriation             dŽpossession            renonciation

 

 


Žpreuve

don

 

Les diffŽrents programmes narratifs[13] basiques [14]

 

 

 

2.2.5     Composante narrative : schŽma dĠensemble

 

Le schŽma narratif canonique est la reprŽsentation de la structure narrative dĠensemble dĠun rŽcit. ConformŽment au principe de prŽsupposition, il reprŽsente la relation quĠentretiennent les diffŽrents PN entre eux par une flche orientŽe de droite ˆ gauche, pour signifier la relation de lĠeffet vers la cause.

 

Contrat

Objet de valeur

Manipulation                                                             Sanction

    Dessinateur-manipulateur                                           Destinateur-judicateur

 

 

 


Action

Destinataire

 

 


CompŽtence                           Performance

 

 

Chacunes des Žtapes de ce schŽma est constituŽe dĠun programme narratif, et donc dĠune transformation principale qui est le moteur de lĠŽvolution du rŽcit.

 

2.2.6     Les modalitŽs de faire

 

La question de la compŽtence a suscitŽ le plus vif intŽrt des sŽmioticiens. Elle correspond ˆ la rŽflexion menŽe sur les modalitŽs du faire. Elles sont, pour la sŽmiotique greimassienne, au nombre de 4 (si lĠon excepte le faire lui-mme), et sont rŽparties selon 3 modes dĠexistence sŽmiotique[15] : le virtuel, lĠactuel et le rŽalisŽ.

Les modalitŽs de faire aident ˆ spŽcifier la valeur des ŽlŽments du programme narratif considŽrŽ. En effet, pour rŽaliser quelque chose, il faut dĠabord quĠelle soit dĠabord dĠactualitŽ, et pour cela quĠelle ait une existence prŽalable, mme virtuelle. Entre un projet et sa rŽalisation, par ex., il peut se passer du temps : le temps de concevoir lĠidŽe mme du projet (modalitŽs virtualisantes), puis de se donner les moyens de le rŽaliser (modalitŽs actualisantes), puis enfin celui de sa rŽalisation effective (modalitŽs rŽalisantes).

 

 

2.3   Une application de la mŽthodologie narrative au Ç Petit Poucet È

 

PrŽsentation dĠune analyse narrative du PetitPoucet (pages 31 ˆ 43) avec une sŽquence (sŽq. 1, Perdus par les parents, ŽnoncŽ pg 43, texte pg32-33) non analysŽe pour permettre un entrainement personnel.

 

 

3/ Introduction ˆ la sŽmiotique discursive : lĠŽnonciation

 

Etude de 2 textes de Franois Salvaing :

-       Ç Cap Caubre È qui sera le terrain dĠapprentissage

-       Ç Grenache È qui sera le terrain dĠexercice ˆ renvoyer ˆ la correction.

 

 

3.1   lĠŽnonciation en sŽmiotique

 

Il y a 2 manires dĠenvisager la question de lĠŽnonciation :

La premire consiste ˆ la considŽrer comme une structure rŽfŽrentielle qui sous-tend la communication. On parlera alors de situation de communication, de contexte socio-psychologique et le concept dĠŽnonciation aura tendance ˆ se rapprocher de celui dĠacte de langage.

La 2me consiste ˆ la considŽrer comme une instance linguistique, voire langagire et lĠon considrera alors que lĠŽnonciation est prŽsupposŽe par lĠexistence dĠun ŽnoncŽ et quĠon peut en rŽcupŽrer les traces et reconstituer le parcours ˆ partir de celui-ci. (cĠest cette 2nd manire qui sera retenue ici).

 

3.1.1      LĠopŽration Žnonciative fondamentale : le dŽbrayage

 

Ç On peut concevoir lĠinstance de lĠŽnonciation comme le syncrŽtisme[16] de 3 facteurs : je-ici-maintenant. LĠacte dĠŽnonciation proprement dit consistera alors, gr‰ce ˆ la procŽdure dite de dŽbrayage, ˆ abandonner, ˆ nier lĠinstance fondatrice de lĠŽnonciation et ˆ faire surgir, comme par contre-coup, un ŽnoncŽ È (CourtŽs, 1991)

CĠest une consŽquence de ce que lĠon appelle en sŽmiotique le principe dĠimmanence, qui est dŽjˆ manifestŽ dans la phrase culte de Saussure Ç la linguistique Žtudie la langue en elle-mme et pour elle-mme È. Chez Greimas et CourtŽs cela prend la forme suivante : Ç lĠobjet de la linguistique Žtant la forme, tout recours aux faits extra-linguistiques doit tre exclu, parce que prŽjudicianle ˆ lĠhomogŽnŽitŽ de la description È.

Le dŽbrayage est le geste fondamental de lĠŽnonciation linguistique ou sŽmiotique, prŽsupposŽ par lĠexistence de lĠŽnoncŽ : (schŽma de J. CourtŽs)

 

 


                             Je               dŽbrayage actanciel                        non je (= il)

 


Enonciation           ici                 dŽbrayage temporel                 non ici (= ailleurs)              ŽnoncŽ

 


                        Maintenant         dŽbrayage spatial                non maintenant (= alors)

 

Il faut distinguer lĠŽnonciation rŽelle (proprement dite) de lĠŽnonciation ŽnoncŽe (un simulacre dĠŽnonciation).

Ç Le mode dĠexistence de lĠŽnonciation proprement dite est dĠtre le prŽsupposŽ logique de lĠŽnoncŽ et lĠŽnonciation ŽnoncŽe (ou rapportŽe) nĠest que le simulacre imitant, ˆ lĠintŽrieur du discours, le fait Žnonciatif. È (Greimas, CourtŽs, Dictionnaire)

 

 

3.1.2      Enonciation ŽnoncŽe et ŽnoncŽ ŽnoncŽ : le simulacre Žnonciatif

 

Dans le cadre de la problŽmatique de lĠŽnonciation on ne sĠoccupe pas du sujet rŽel de lĠŽnonciation mais des simulacres Žnonciatifs. Si cĠest Ç quelque chose È dĠautre qui simule la prise de parole, on parle, en sŽmiotique, de simulacre Žnonciatif. Un embrayage est la manifestation dĠune instance Žnonciative simulŽe.

Il nĠest nullement besoin que toutes les composantes Žnonciatives soient rŽalisŽes pour quĠon puisse construire la structure de lĠŽnonciation ŽnoncŽe.

La construction dĠensemble de lĠŽnonciation ŽnoncŽe relve dĠune stratŽgie Žnonciative.

 

3.1.3      Typologie Žnonciative

 

PrŽsentation de la typologie narrative de GŽrard Genette, principale alternative ˆ la mŽthodologie sŽmiotique elle est presque plus utilisŽe que cette dernire avec qui elle est compatible sur bien des points.

 

3.1.3.1  Le pragmatique et le cognitif

 

Les 2 dimensions se dŽfinissent lĠune par rapport ˆ lĠautre et sont conues dans une relation hiŽrarchique. La dimension cognitive est considŽrŽe comme hiŽrarchiquement supŽrieure parce quĠelle permet la prise en charge, par le savoir, des actions pragmatiques.

Ç La dimension cognitive sert de rŽfŽrent interne ˆ la dimension pragmatique qui est en gros la description faite dans les rŽcits des comportements somatiques[17] signifiants È . Ç La dimension cognitive du discours se dŽveloppe paralllement avec lĠaugmentation du savoir attribuŽ aux sujets installŽs dans le discours. Si la dimension pragmatique nĠappelle pas nŽcessairement la dimension cognitive, la rŽciproque nĠest pas vrai : la dimension cognitive prŽsuppose les actions pragmatiques È.

 

Valeur modale :

 

La dimension cognitive, si elle ne change pas fondamentalement lĠaction, change toute la valeur de lĠaction (ex. pg 49 du cours).

 

Dimension pragmatique = actions mises en place

Dimension cognitive = gestion des savoirs et des ignorances

La sŽmiotique essaye de distinguer ce qui relve du cognitif [18], au sens strict du terme, dans la procŽdure Žnonciative, de ce qui relve du perceptif [19].

 

3.1.3.2  LĠaspectualisation et lĠinstance Žnonciative

 

á      LĠobservateur, un actant cognitif de lĠŽnonciation

 

Ç On appellera observateur le sujet cognitif dŽlŽguŽ par lĠŽnonciateur et installŽ par lui, gr‰ce aux procŽdures de dŽbrayage, dans le discours-ŽnoncŽ o il est chargŽ dĠexercer le faire rŽceptif et, Žventuellement le faire interprŽtatif de caractre transitif[20]È.

 

observateur peut tre implicite. Il ne peut alors tre reconnu que par dŽduction, aprs analyse des configurations discursives du rŽcit. Ç Il peut rester implicite et nĠest alors reconnaissable que gr‰ce ˆ lĠanalyse sŽmantique qui dŽvoile sa prŽsence ˆ lĠintŽrieur dĠune configuration discursive È.

 

Une instance ne devient Žvnement que par ce quĠelle est reportŽe par une instance Žnonciative. Lorsque nous lisons une histoire, les actions de cette histoire sont des Žvnements de lĠŽnoncŽ[21] parce quĠelles nous sont prŽsentŽes comme tels par une instance Žnonciative. En reconnaissant les marques de cette Žnonciation[22] on reconna”t (on reconstruit) une instance Žnonciative minimale : lĠobservateur.

 

Par exemple, lĠorganisation temporelle des Žvnements les uns par rapport aux autres est le fait dĠun observateur. Les ŽlŽments de structuration de lĠespace peuvent eux aussi donner des indices de ÔprŽsenceĠ dĠun observateur. LĠŽvaluation de la distance relve par exemple dĠun point de vue, au sens strict du terme, qui renvoie ˆ une instance Žnonciative qui observe la scne prŽsentŽe. De la mme manire, lĠexpression dĠune opinion, dĠune Žvaluation de la situation, est un indice de la ÔprŽsenceĠ dĠune instance Žnonciative.

La ÔprŽsenceĠ est un simulacre, cĠest pourquoi la prŽsence dĠun observateur ne peut tre assimilŽe ˆ la prŽsence effective dĠun Žnonciateur rŽel. LĠobservateur nĠest quĠune place dans la syntaxe figurative, une position dans le dispositif Žnonciatif simulŽ par tout ŽnoncŽ. Cependant, en nommant observateur cette instance reconstruite on lui donne quand mme en quelque sorte Ôforme humaineĠ.

 

La sŽmiotique conoit la structuration du sens dĠun point de vue gŽnŽratif ; la mise en discours consiste alors ˆ installer dans le discours des structures narratives (commes les actions) et ˆ les ÔhabillerĠ. ÔHabillerĠ des structures narratives cĠest avant tout leur donner Ôforme humaineĠ ou plus largement les rapporter ˆ un Žchelle humaine : les actions ainsi transformŽes deviennent des procs, les actants narratifs des acteurs discursifs et les programmes narratifs des parcours figuratifs.

 

á      LĠaspectualisation : procŽdure gŽnŽrale de la mise en discours

 

Ç Historiquement, lĠaspect sĠintroduit en linguistique comme Ôle point de vue sur lĠactionĠ susceptible de se manifester sous forme de morphmes grammaticaux autonomes È. Ce Ôpoint de vueĠ est reconstruit par lĠanalyse ˆ partir des diverses configurations discursives que celle-ci permet de repŽrer. LĠobservateur nĠest quĠune faon de nommer ce Ôpoint de vueĠ et le rapport ˆ une instance qui tend ˆ rendre homogne sa prŽsentation.

 

Dans le cadre du parcours gŽnŽratif, on entendra par aspectualisation la mise en place, lors de la discursivisation, dĠun dispositif de catŽgories aspectuelles par lesquelles se rŽvle la prŽsence implicite dĠun actant observateur. Cette procŽdure eqst gŽnŽrale et caractŽrise les 3 composantes dĠactorialisation, de spatialisation et de temporalisation, constitutives des mŽcanismes du dŽbrayage. Dans la mise en place des catŽgories aspectuelles la dimension temporelle est prŽdominante.

 

á      Les catŽgories aspectuelles : prŽdominance de lĠaspectualisation temporelle

 

Les catŽgories aspectuelles (temporelles) mises en place lors de la discursivisation sont prŽsentŽes par Greimas et CourtŽs comme des smes, qui se distribuent de la faon suivante : durativitŽ, ponctualitŽ, perfectivitŽ et imperfectivitŽ[23], inchoativitŽ et terminativitŽ[24]. Ces catŽgories sont classables en micro-oppositions : durativitŽ / ponctualitŽ[25], perfectivitŽ / imperfectivitŽ, inchoativitŽ / terminativitŽ.. On peut aujourdĠhui ajouter ˆ ces oppositions le couple de contradictoires itŽrativitŽ / semelfactivitŽ, qui caractŽrise lĠaspect rŽpŽtitif ou unique dĠun procs temporel.

 

Ces distinctions catŽgorielles nĠŽpuisent pas le champs de lĠaspectualitŽ, elles tentent juste de les cartographiŽes sommairement. Ces catŽgories sont combinables[26] pour former une configuration aspectuelle cˆd Ç un dispositif de smes aspectuels mis en place pour rendre copte dĠun procs È.

Le but dans lĠanalyse sera de repŽrer de tels dispositifs et de les interprŽter, cˆd de montrer le sens quĠils donnent ˆ lĠŽnoncŽ ŽtudiŽ. 

 

á      Aspectualisation spatiale

 

Ç Un discours spatialisŽ peut aussi tre aspectualisŽ si divers lieux sont mis en relation par le mouvement ou par la vue des sujets de lĠŽnoncŽ ; les catŽgories de la distance peuvent tre considŽrŽes comme Žquivalentes ˆ celle de la durŽe dans lĠaspectualisation temporelle : si 2 lieux sont ÔdistantsĠ, lĠobservateur enregistrera successivement le dŽpart du 1er lieu (inchoatif), le ÔcheminementĠ (duratif) puis lĠarrivŽe dans le 2nd lieu (terminatif) ; figurativement la distance peut tre remplacŽe par un mur, un quelconque obstacle au dŽplacement, qui divise lĠespace en 2 lieux distincts È.

LĠŽchelle anthropomorphe[27] ˆ laquelle renvoie lĠaspectualisation peut en outre tre mieux comprise si lĠon se rŽfre ˆ la compŽtence perceptive de lĠobservateur : Ç il È voit la scne de lĠŽnoncŽ, mais il peut Žgalement la toucher, la sentir, lĠentendre. Chacunes de ces perceptions reprŽsentŽes renvoient ˆ une apprŽhension diffŽrente de lĠespace, et peuvent, de ce point de vue, relever de lĠaspectualisation spatiale.

 

á      Quelques pistes pour une aspectualisation actorielle

 

Ç LĠactorialisation peut sĠaccompagner dĠune aspectualisation si, par exemple, les acteurs de lĠŽnoncŽ modifient leur faon de rŽaliser une performance, ou, en dĠautres termes, si, sans que leur compŽtence soit remise en cause, ils se ÔperfectionnentĠ ou ÔmžrissentĠ, faisant aisŽment ce quĠils faisaient difficilement auparavant, par exemple È.

Les variations de lĠactorialisation doivent tre comprises come des indices de lĠaspectualisation actorielle : le passage, par exemple, dĠun auteur collectif ˆ un auteur individuel, et vice-versa, est une aspectualisation actorielle assimilable au passage de lĠitŽratif au semelactif au niveau temporel. Ainsi il faudra Žtudier de prs toute variation Žnonciative ds lors que lĠinstance Žnonciative est identifiŽe ˆ un acteur.

 

 

3.1.3.3  Premire typologie des observateurs

 

á      DŽpart

 

JusquĠici lĠobservateur ˆ tŽt dŽduit dĠune organisation discursive particulire, temporelle ou spatiale, sans dĠautres formes dĠindices que les ŽlŽments temporels ou spatiaux de structuration des Žvnements relatŽs. Mais il y a le cas o lĠobservateur est plus explicite, cˆd lorsquĠil est manifestŽ comme une personne, un simulacre actoriel.

 

 


             DŽfinition du type                      DŽnomination du type                DŽnomination du type

                                                                         dĠobservateur                                de narrateur

 


         actant de discursivisation                 FOCALISATEUR  (Foc)          (avec parcours de verbalisatĦ)

      reconstructible par lĠanalyse                                  

                                                            ASPECTUALISATEUR (Asp)                 NARRATEUR

 


       Acteur virtuel, impliquŽ par                  SPECTATEUR (Sp)                         RAPPORTEUR

        la deixis spatio-temporelle

 


     Acteur actualisŽ dans lĠŽnoncŽ                 ASSISTANT  (As)                               TEMOIN

 

 

Le focalisateur hŽtŽrogŽnŽinise lĠobjet cognitif (lĠŽnoncŽ) par dŽbrayage.

aspectualisateur homogŽnŽinise lĠinformateur par embrayage.

Le passage dĠun type dĠobservateur ˆ lĠautre est la manifestation dĠune aspectualisation actorielle, traitŽe par la suite sous la dŽnomination de stratŽgie Žnonciative.

 

á      Suite

 

Ç La classification des types dĠobservateurs ne peut pas tre exhaustive ; pour rester maniable elle ne doit retenir que les types statistiquement reprŽsentatifs.

 

Si le r™le dĠobservateur nĠest pris en charge par aucun des acteurs du discours, et si on ne lui attribue pas de deixis spatio-temporelle dans l ÔŽnoncŽ, il reste abstrait, pur ÔfiltreĠ cognitif de la lecture. Ce nĠest quĠun actant de discursivisation, dŽnommŽ focalisateur (Foc), engendrŽ par un simple dŽbrayage actanciel ; on le reconna”t uniquement ˆ ce quĠil fait, cˆd aux sŽlections, aux focalisations / occultations mises en Ïuvre dans lĠŽnoncŽ

Dans le cas o les limites de la compŽtence du focalisateur reoivent une manifestation figurative, cˆd quand les limites sont, entre autre, de type spatial et temporel, lĠobservateur est directement impliquŽ dans les catŽgories spatio-temporelles de lĠŽnoncŽ. On lĠappellera ÔspectateurĠ (Spec).

Si le r™le de focalisateur est pris en charge par un acteur de lĠŽnoncŽ, dont lĠidentitŽ est reconnue, mais qui ne joue pas de r™le (pragmatique et thymique[28]) dans les Žvnements de lĠŽnoncŽ, ce sera un ÔassistantĠ (As). Il est dotŽ dĠune enveloppe actorielle, et rŽsulte par consŽquent dĠun dŽbrayage actoriel.

LĠ Ôassistant-participantĠ (As-Part) est, pour finir, un observateur qui rŽsulte dĠun dŽbrayage complet (actanciel + spatio-temporel + actoriel + thŽmatique). Cet observateur thŽmatisŽ est, comme le dŽtective dans le roman policier, susceptible de participer aux Žvnements de lĠŽnoncŽ, soit comme figurant, soit comme protagoniste È. (J. Fontanille, 1989)

 

Cette typologie prŽsuppose que le dŽbrayage et lĠembrayage sont des opŽrations graduables.

Les distinctions Žtablies par J. Fontanille permettent Žgalement de diffŽrencier la compŽtence cognitive de la compŽtence pragmatique de lĠinstance de lĠŽnonciation. La difficultŽ avec la notion classique de narrateur est quĠelle amalgame ces 2 compŽtences alors que leur distinction peut apporter une finesse utile ˆ lĠanalyse.

Ç Sur la dimension cognitive de lĠŽnonciation, lĠobservateur est lĠactant principal ; ses parcours et les transformations de sa compŽtence permettent dans nombre de cas de rendre compte des Žvnements Žnonciatifs.

Sur la dimension pragmatique de lĠŽnonciation, on installera un actant responsable de la rŽalisation matŽrielle de lĠŽnoncŽ, dŽnommŽ, faute de mieux, ÔperformateurĠ.  Selon que la matire de lĠexpression sera verbale, picturale ou filmique, ce ÔperformateurĠ sera respectivement narrateur ou locuteur, peintre, rŽalisateur ou filmeur.

Le narrateur rŽalisant sur la dimension pragmatique les acquis cognitifs de lĠobservateur, on peut Žtablir la terminologie suivante :

-       un focalisateur dotŽ dĠun r™le verbal sera appelŽ Ç narrateur È

-       un spectateur dotŽ dĠun r™le verbal sera appelŽ Çrelateur È

-       un assistant dotŽ dĠun r™le verbal sera appelŽ ÇtŽmoin È

-       un assistant-participant dotŽ dĠun r™le verbal sera appelŽ ÇtŽmoin-participant È È

 

Reste ˆ mettre en Ïuvre cette typologie lors dĠune analyse. Elle nĠinvalide pas les propositions prŽcŽdentes mais les complte ; le fait de distinguer un focalisateur, par exemple, ne donne pas dĠindication sur la faon dont la focalisation est construite ; on a identifiŽ le phŽnomne mais lĠanalyse reste ˆ faire. On se servira de la typologie fontanilloise soit pour fonder une hypothse interprŽtative, soit pour vŽrifier une analyse et lui donner un point dĠaboutissement en une instance Žnonciative identifiŽe.

 

Synthse de la typologie : (cf tableau pg 58 du cours)

 

 

4/ Analyse sŽmiotique appliquŽe au texte littŽraire

 

 

4.1   PrŽsentation des textes soumis ˆ lĠanalyse

 

Etude dĠun extrait de Ç de purs dŽsastres È de Franois Salvaing

Ç NOUS VENIONS DE TEMPS A AUTRE, vŽrifier au Cap Caubre lĠidŽe que nous avions de lĠimmensitŽ. [É] e ciel ne venait nous dŽlier que pour nous remettre ˆ la nuit et ˆ toi, chien du rve, qui mords et qui remords. È

 

 

4.2   Exemples dĠanalyses

 

Explication de la dŽmarche ˆ suivre pour faire lĠanalyse du schŽma narratif du texte :

LĠidŽe est de partir du niveau narratif pour arriver au niveau discursif. En sĠobligeant ˆ se focaliser sur la seule dimension narrative, on peut espŽrer faire ressortir une structure (hypothŽtique) sur laquelle se baser pour formuler une interprŽtation du niveau discursif.

Une analyse sŽmiotique aujourdĠhui nĠest plus une analyse en soi, mais une partie (gŽnŽralement initiale) dĠune analyse sŽmiotique complte, comprenant les 2 niveaux du parcours gŽnŽratif de la signification (niveau des structures sŽmio-narratives, niveau des structures discursives)

 

 

Exercice ˆ renvoyer ˆ la correction :    SchŽma narratif de Ç Grenache È (2nd texte)

 

4.3   La discursivisation appliquŽe ˆ Cap Caubert

 

Actorialisation

Spatialisation

Temporalisation

Aspectualisation

 

DŽtails explicatifs dans le cours pges 61 ˆ 63

 

 

 

5/ Analyse sŽmiotique appliquŽe au texte publicitaire

 

 

La sŽmiotique greimassienne a explorŽ dĠautres domaines que les domaines littŽraires et ethnolittŽraires dans lesquels elle avait fait ses 1res armes. Aprs avoir dŽveloppŽ sa mŽthode (analyse narrative puis discursive) et, tout en lĠaffirmant, elle a esayŽ de la mettre en Ïuvre sur des textes diffŽrents, voire des objets sŽmiotiques non-verbaux, et notament des textes du champs publicitaire. CĠest principalement Jean-marie Floch qui a dŽveloppŽ les liens entre sŽmiotique t publicitŽ.

SchŽma gŽnŽral de lĠinjonction publicitaire : un destinateur, reprŽsentant la marque, tente de faire adhŽrer un destinataire, reprŽsentant le client potentiel, au systme de valeurs mis en scne dans le rŽcit publicitaire, quel que soit sa forme (affiche, sport, encart, ..). Le rŽcit publicitaire est toujours encadrŽ par une dimension Žnonciative ŽlaborŽe ˆ laquelle il faut porter attention.

LĠanalyse se fait en 2 Žtapes : dans un 1er temps il faut traiter de lĠŽnoncŽ ŽnoncŽ, dans sa dimension narrative et discursive, dans un 2me temps il faut triater du cadrage Žnonciatif de cet ŽnoncŽ ŽnoncŽ en tenant compte, notament, des indications donnŽes par la mise en page[29].

 

Exemple dĠanalyse avec une publicitŽ des magasins ÔShopiĠ : Ç M. Picot a horreur de la routine È. SchŽma : Mise en discours / NarrativitŽ / Enonciation.



[1]  Charles Sanders Peirce, philosophe amŽricain 1839/1914

[2]  immense bibliographie en franais

[3]  qui a rapport aux blasons

[4]  proposition que lĠon demande dĠadmettre comme vraie sans dŽmonstration

[5]  cĠest dans ce champs que lĠon trouve les premiers travaux de Joseph CourtŽs. A lire : Ç Analyse sŽmiotique du discours, de lĠŽnoncŽ ˆ lĠŽnonciation È, Hachette, 1991, coll ÔLinguistiqueĠ

[6]  mais ces disciplines ne se dŽvelopperont vraiment quĠˆ partir des annŽes 60

[7]  raisonnement consistant ˆ admettre une proposition du fait de sa liaison avec dĠautres propositions antŽrieurement admises

[8]  ex. : le bien et le mal

[9]  ex. : le conte ÔCendrillonĠ qui illustre ces valeurs tout au long du rŽcit

[10]  cˆd une description selon les parties constitutives et les rapports de ces parties entre elles et avec lĠensemble

[11]  par fonction il faut entendre : lĠaction dĠun personnage, dŽfinie du point de vue de sa signification dans le dŽroulement de lĠintrigue

[12]  dĠo le F [ É], le F indiquant quĠil sĠagit dĠune fonction

[13]  ces diffŽrents PN peuvent faire partie dĠune structure englobante, reprŽsentŽe sous la forme dĠun schŽma narratif dĠensemble, dit aussi canonique du fait quĠil se retrouve trs frŽquemment dans les contes populaires occidentaux, qui ont ŽtŽ ŽtudiŽs en 1er lieu pour Žprouver le modle

[14]  consulter les entrŽes don, Žpreuve, Žchange du Dictionnaire (SŽmiotique, dictionnaire raisonnŽ des thŽories du langage de Greimas et CourtŽs) et les pages 81 et suivantes de Analyse sŽmiotique du discours de J. CourtŽs, pour complŽter cette prŽsentation succinte.

[15]  Lire absolument ModalitŽ et Existence sŽmiotique, respectivement pg 230 et 138 du Dictionnaire

[16]  combinaison de plusieurs systmes de pensŽes

[17]  qui concerne le corps, qui nĠappartient quĠau corps

[18]  relatif ˆ la connaissance et ˆ lĠacte intellectuel par lequel on acquiert une connaissance

[19]  voir avec prof

[20]  cˆd portant sur les actants et les programmes narratifs autres que lui-mme ou son propre programme

[21]  cˆd des pŽripŽties qui font que lĠhistoire progresse

[22]  cˆd la manire particulire dont cette histoire nous est prŽsentŽe

[23]  correspondant ˆ la distinction grammaticale entre accompli et inaccompli

[24]  correspondant au commencement et ˆ lĠachvement dĠun procs

[25]  renvoyant ˆ un procs ŽtalŽ ou ramassŽ dans le temps

[26]  sauf lorsquĠil sĠagit de 2 membres dĠune mme opposition

[27]  ˆ chercher dans le dico

[28]  chercher dans le dico

[29]  dite dimension Ç mŽdiatique È chez F. Rastier